1 cascade 3 saisons

 

Ce mois-ci je vais me plier à un de mes exercices favoris: contempler le changement de saison. Depuis que j’ai commencé ce blog et maintenant ma chaine youtube (faites-y un tour vous ne le regretterez pas!), ma vie est rythmée par le tempo des saisons. De plus en plus, ce ne sont plus les excitations de la vie urbaine et virtuellement connectée mais le lent cycle de la nature toujours changeante qui devient mon horizon. Loin des préoccupations de beaucoup de mes confrères milléniaux, je n’aspire plus qu’à une vie cadencée par le lent mouvement des choses éternelles (de notre point de vue éphémère d’humain) comme les montagnes, les arbres ou les rochers et l’eau. Alors ce blog est une nouvelle ode à la lenteur de la contemplation. Laissez-moi vous convaincre que l’immanence de la nature peut encore être la nôtre.

Il y a deux ans, j’avais (dans ce blog) présenté une cascade proche de chez moi, la cascade de Moonwon - 문원폭포. Je vous avais alors montré d’engageantes photos de sa puissance estivale. Permettez-moi de vous “rafraîchir” la mémoire:

 
 
 

Je ne posterai pas ici toutes les photos d’été, pour cela je vous invite à les (re)vivre ici (lien en anglais, mais les images n’ont pas de langue). 

 

J’y suis retourné au fur et à mesure de ces deux dernières années. Soit pour me rafraichir en été, pour en prendre plein les yeux en automne ou pour admirer ses reflets gelés en hiver. Alors laissez-moi vous re-présenter cette cascade.

 
 

Il a plu ce jour-là donc l’humidité de la cascade créait une brume bienvenue. Une chose que j’ai remarquée immédiatement est que, contrairement à l’été, le feuillage étant moins dense, la lumière pénètre plus profondément dans la forêt. Cela a pour effet d’illuminer tous les plans, incluant les couleurs vives de l’automne.

 

À cause du feuillage coloré, les prises de vues sont très détaillées, même un peu trop parfois. Surtout avec les feuilles tombées au sol. Il m’a donc fallu trouver des compositions qui simplifiaient les sujets et les couleurs. 

 

J’ai donc pris appui sur le tapis de feuilles mortes pour mettre en avant le parcours tortueux de l’eau sur la roche. Tout en acceptant l’aide de cette haute branche plongeante pour garder votre regard sur la chute et ses minis méandres.

 

La brume est réapparue au milieu de la chute, j’ai alors bondi sur l’opportunité qui m’était donnée pour me rapprocher des sillons aqueux et capturer l’effet inarrêtable qu’ils avaient sur les feuilles au sol. La brume m’a permis de créer plus de profondeur et, ce faisant, rendre le premier plan plus impactant. 

 

Comme beaucoup, j’adore aller voir les feux d’artifice. Avant le feu, l’attente est au sommet. Puis vient la performance, on ne sait où regarder mais partout où se pose notre regard l’effet n’est autre qu’émerveillement. Enfin, le show se termine et ne reste plus que le silence, uniquement tempéré par le léger bourdonnement dans les oreilles post bruits. 

Pour moi, l’automne est comme un feu d’artifice. En fin d’été, dès que les températures et l’humidité baissent je n’attends plus que le changement de couleur des feuilles. Pendant l’automne je suis très excité, parfois trop car je n’en ai jamais assez vu. Une fois les feuilles tombées, je me calme, comme la nature, tout devient plus silencieux et s’arrête. Même les cascades…

 
 

Avant que le grand froid ne s’installe implacablement, la neige nous donne un aperçu de la nature mise à nu qui nous attend. Ma respiration commence à être visible et les doigts, à piquer. Heureusement, la température est encore acceptable, et la flore, un temps écarlate, pousse sa chance pour un dernier baroud d’honneur.

 
 
 

Pendant que la nature prépare son lit pour son repos hivernal, la neige lui sert de couverture. Le froid n’a pas encore complètement tout étreint, les dernières couleurs de la vie locale étendent leur vigueur aussi loin que possible. Mais nous connaissons l’issue de cet effort: le froid gagne toujours. Au moins pour un temps...

 
 

L’explosion d’eau s’est figée sur place. Les couleurs ont disparu, le mouvement s’est arrêté et l’air froid a tout étouffé. Tout est paisible, le froid a endormi les vies, engourdi les sens et gelé l’eau, offrant ainsi des détails uniques.

 

Les feuilles emprisonnées dans la glace sur le bord du ruisseau guident les quelques gouttes d’eau liquide qui s’égarent sous cette glace durant leur descente.

 

Bien que tout soit suspendu, que les arbres aient perdu leur feuillage et que croiser un animal relève d’une grande exception, il existe une forme de vie qui s’accommode très bien de ces conditions: les algues. Elles ne sont pas les plus esthétiques, leur aspect visqueux n’aidant pas, mais elles sont les seules à apporter de la couleur dans ce paysage transi. 

 

Je voulais cette photo plus poétique que le résultat ne le laisse transparaître. D’abord les formes m’ont frappé, que ce soit les triangles inversés formés par la pierre et par les algues, ou les détails lumineux dans la glace. Surtout je voulais que cette image soit une métaphore du froid de l’hiver qui gagne toujours plus de terrain sur la vie et qui, un jour ou l’autre, le prendra totalement… jusqu’au retour des beaux jours. Comme une vie entre parenthèses givrées.

 

Je vais vous dévoiler un secret très mal gardé: la cascade de Moonwon est en fait en deux parties, celle des photos principales de ce post est la partie haute. La partie basse est moins grandiose, bien que parfaite pour une baignade estivale rafraîchissante. Il y a un angle, depuis un rocher plus en hauteur, qui offre une fenêtre séduisante sur le changement été automne hiver:

 
 

Pour beaucoup, l’hiver est une saison rude, crainte voire détestée. Cependant, pour moi, il est devenu une respiration, un répit de quelques mois pour me re-concentrer sur une introspection apaisée, loin de la frénésie des autres saisons. Quand le monde est dépouillé, il n’en reste que l’essentiel: le coeur du vivant qui prend le temps d’une pause pour préparer son majestueux retour.

 

Carte de la cascade Moonwon:

 

Merci beaucoup d’avoir voyagé au travers des saisons à cet endroit que je chéri particulièrement. Au risque de me répéter, pour moi le cycle des saisons est de loin le plus intéressant des sujets, il m’apprend à laisser au temps le pouvoir de diriger mes actions et de ne plus m’inquiéter de mes échecs. Mais surtout, de me concentrer sur ce qui compte, et aujourd’hui, il s’agit de permettre à toutes celles et ceux que je peux atteindre avec ce blog, de prendre une respiration.

Je tiens aussi une chaine youtube hebdomadaire où je vous montre plus de paysages et de photos. N’hésitez pas à y faire un tour pour votre plaisir, et si vous y êtes enclin, soutenez moi en likant, en vous abonnant et en partageant, je vous en remercie d’avance.

Voici la vidéo que j’ai filmé le dernier jour de ce projet 3 saison, sous la neige tombante:

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Joyeux Noël et Bonne Année 2023!

 
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